12/9/2022

Les exploitants face à un défi économique décisif pour leur avenir

À quelques jours de l'ouverture du 77ème congrès de la FNCF, Hexacom livre son analyse du modèle économique de la salle, contraint d'évoluer car durablement mis à mal par la baisse des entrées et l'alourdissement des charges.

Bien qu’en hausse tendancielle, la recette moyenne par entrée (RME) des salles de cinéma françaises affiche une remarquable stabilité sur la dernière décennie – entre 6,38 € TTC et 6,79 € TTC - sauf en 2021, où elle a progressé de 6,2% pour atteindre 7,04 € TTC. Pour la première fois, le prix moyen d’un ticket de cinéma en France a ainsi dépassé les 7,00 € TTC. La RME s’élève par ailleurs à 6,60 € TTC en moyenne annuelle sur la période 2012-2021.

 

© Hexacom 2022 d'après CNC

Exception faite de sa hausse spectaculaire en 2021 et de quelques années isolées, la RME progresse généralement moins vite que l’inflation, ce qui accentue naturellement la fragilité du modèle économique de la salle.

© Hexacom 2022 d'après CNC et Insee

La répartition de la RME a par ailleurs peu évolué sur la dernière décennie. La part conjointe des taxes (TVA et TSA) et de la rémunération de la SACEM représente 17,6% de la RME en moyenne annuelle, soit 1,16 €. La rémunération des distributeurs et celle des exploitants s’élèvent respectivement à 41,8% (soit 2,76 € HT) et 40,6% (soit 2,68 € HT).

 

Note : en 2012 (ainsi qu’en 2013), le taux réduit de TVA avait été augmenté à 7,0% avant de revenir à 5,5% en 2014.
© Hexacom 2022 d'après CNC

Avec ce montant, qui représente en moyenne 49,2% de la RME HT sur la période, les exploitants doivent à la fois rémunérer leur personnel, payer les factures d’énergie (dont les montants se sont envolés avec la guerre en Ukraine, dans un contexte déjà inflationniste), assurer la maintenance du matériel (quand elle n’est pas remboursée par le soutien automatique), pour certains payer un loyer, une redevance ou des charges d’entretien du bâtiment et assumer encore bien d’autres dépenses indispensables au bon fonctionnement d’un cinéma (prime d’assurance, frais de location de matériel, honoraires des prestataires de services, coûts des animations, etc.).

 

Dans le contexte actuel de recul inquiétant de la fréquentation nourrie par la concurrence accrue des plateformes, d’explosion des charges énergétiques et d’alourdissement des coûts d'investissement (la guerre en Ukraine ayant également entraîné une forte augmentation des prix des matériaux et matières premières, conjuguée à une pénurie de composants électroniques en lien avec la crise de la Covid-19 faisant exploser les tarifs des projecteurs), les exploitants sont confrontés à un véritable challenge aux allures de quadrature du cercle : se différencier des services de streaming et inciter les spectateurs à se déplacer en salles, par tous les moyens. Deux impératifs pour la survie du grand écran qui nécessitent d’investir toujours plus, que ce soit dans le confort et la montée en gamme des équipements, voire dans l’innovation technologique, dans les animations et l’événementialisation de la programmation, mais aussi dans le marketing et dans la formation des équipes.

 

Quelle stratégie adopter face à ce qui semble relever d’une gageure économique ? Augmenter les tarifs ?Beaucoup d’exploitants s’y refusent, expliquant que le cinéma est et doit rester un loisir populaire abordable, accessible au plus grand nombre. Diversifier les sources de revenus ? De nombreux professionnels y pensent, voire y travaillent déjà, tout en sachant que ce ne peut être la seule solution. L’augmentation des recettes annexes traditionnelles (confiserie-boisson-snacking, publicité et location de salles) et/ou le développement de nouvelles activités (restauration, privatisation de séances pour les particuliers, premiumisation d’une ou plusieurs salles, location de salles avec équipement technique ad hoc pour des travaux de post-production, prestation de projections en plein air, etc.) peuvent apporter des compléments de chiffre d’affaires non négligeables mais il est probable qu’ils ne seront pas suffisants pour compenser une baisse durable de la fréquentation.

Faire revenir le public dans les salles demeure donc évidemment indispensable (ce qui n’empêche pas d’imaginer d’autres leviers complémentaires : aide des collectivités locales, parrainage et mécénat, mutualisation de charges entre établissements, etc.). C'est pour cela que le cabinet Hexacom a entamé depuis plusieurs mois une réflexion de fond sur le cinéma de demain, un lieu de culture et de divertissement pensé pour tous les publics, un lieu de vie ouvert sur la ville et à ses habitants, ouvert aussi à d'autres arts, à d'autres pratiques, un lieu d’expérience audiovisuelle unique, de rencontres et d'échanges avec lequel tous les services de vidéo en ligne du monde ne pourront jamais rivaliser.

Sophie Girieud

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Crédit photo en vignette : Myke Simon sur Unplash

© Hexacom 2022